Éditions GOPE, 136 pages, 14.8 x 21.0 cm, 14.70 €, ISBN 979-10-91328-44-9

lundi 26 mars 2018

Des côtés irrévérencieux mais jamais vulgaires

Article original


L’ouvrage est sous-titré « Le dictionnaire français chinois en BD ». En fait, pour que le lecteur potentiel ait une idée du contenu possible, il aurait fallu proposer un titre comme « 125 mots en mandarin et cantonais illustrés par la BD ».

Larry Feign nous a donné l’ensemble des aventures de Lily Wong qui sont parues de 1986 à 2001 ; les pressions du gouvernement chinois sur les journaux de Hong Kong ont mis fin à cette publication de strips. Dans Apprenez le chinois à la dure de Ai à Zi, l’auteur a repris nombre de personnages qu’il mettait en scène dans Le monde de Lily Wong.

On a tout d’abord une demi-douzaine de pages d’explication sur les caractéristiques du chinois dit « mandarin » (langue officielle) et du cantonais. La différence de prononciation est considérable entre les deux langues. Toutefois l’écrit est proche, du moins si l’on comprend que le mandarin utilise des caractères simplifiés en gros une fois sur trois pour les idéogrammes ici présents et que le cantonais maintient ici l’écriture en caractère classique.

On peut regretter que le style graphique choisi ici (écriture cursive) pour les caractères simplifiés ne soit pas des plus lisibles, on ne lève pas systématiquement le pinceau, ce qui donne une silhouette qui n’est pas toujours celle des caractères d’imprimerie que l’on trouve couramment dans les livres. […]. Pour chaque page, on a un mot composé dans plus de la moitié des cas de deux caractères, les autres mots présents sont dotés d’un à trois idéogrammes. En dessous se trouve la traduction du mot, puis une petite dissertation humoristique autour de la dimension culturelle de ce mot et enfin un dessin d’humour ou une BD en deux à quatre vignettes qui rajoute une dimension comique à cet univers lexical. Plus sur les Chinois les plus méridionaux que sur les Chinois de Pékin, est fournie une belle approche quasiment ethnologique ; on retrouve là des pistes sur la conception cantonaise de la vie, de l'amour, de l’argent, des relations sociales, des fêtes, de la nourriture…

La traduction de l’anglais au français est bien adaptée, quoique l’on puisse l’améliorer, ainsi page 117 on aurait gagné à écrire « On dirait que je ne suis pas le seul à avoir les crocs » plutôt que « On dirait que je ne suis pas le seul à avoir les crochets ». Par ailleurs, il me semble que pour quelques mots comme l’équivalent de « voleur » on aurait préféré des précisions, on serait plutôt là dans « braqueur de banque » (page 103).

Xirong, janvier 2018, 5/5★